07h30, tout le monde debout ! La nature aussi. Pigeons, moineaux, hirondelles entament leurs chants tandis que des rapaces font la ronde avant de plonger sur une proie.
Le ciel est turquoise. Les rayons solaires lèchent les versants est du mont Ida et font scintilles les feuilles des oliviers. La journée s'annonce plus chaude qu'hier.
Le petit déjeuner pris, nous remplissons notre bouteille à la source, l'eau y est pure et fraîche.
09h. Nous nous coiffons d'un chapeau, d'une casque et commençons notre marche en scrutant le paysage. Nous empruntons le même chemin qu'hier jusqu'au lac Limni, puis bifurquons sur la gauche pour accéder à un sentier au bon dénivelé. Je me souviens l'épopée de l'an dernier de ses montées et descentes alors que je n'étais pas chaussée convenablement...! Nos pas sont tranquilles, le soleil se fait ardent. Nous nous mettons un court instant sous des arbres pour profiter de leur ombre. Nous observons les alentours. Au loin, nous distinguons la mer de Libye dont le bleu est à peine plus foncé que celui du ciel. Face à nous, le majestueux monastère.
Nous reprenons la marche. A présent, le sentier descend. En fort mauvais état, nous regardons où nous mettons les pieds. Un bruit de vieille mobylette. Elle semble monter. Nous nous mettons sur le côté. Un Crétois,sur sa vieille monture essoufflée, monte le chemin et nous salue. Yassou ! Ça y est, nous quittons le chemin et arrivons sur une petite route en contrebas. Un ru passe sous le pont, il est pratiquement sec. Un panneau indique les gorges Rouvas sur la droite. Allez, c'est parti !
la végétation est composée de caroubiers, de noyers, d'oliviers, de plantes aromatiques comme le thym, la sauge, la mélisse. Nous respirons leurs parfums.
Ne connaissant pas le chemin, nous allons droit devant nous lorsque des voix masculines résonnent. Nous nous retournons. Deux hommes sont assis sur un bac, à l'ombre, près d'une petite chapelle. Nous allons à leur rencontre, les saluons, "Kalimera !".
- Rouvas ?
- Yes !
D'un geste de la main, ils nous indiquent le chemin à prendre pour les gorges.
- Essefaristo poli !
Qu'est-ce qu'il fait chaud... Allez, courage !
Nos baskets marchent sur un tapis de caroubes. Le sentier rocheux se réduit.
Nous levons les yeux et admirons les flancs des montagnes nous bordant. A gauche, le monastère Agios Nikolaos nous toise. Des rapaces flânent avec une royale grâce. Les cigales sont en pleine forme ! La montagne de droite est notre objectif.
Il n'est que 10h45 et nous commençons à suffoque à cause de la chaleur. Je ne me sens pas bien, ma fille n'est pas en meilleure forme. La décision est prise : nous rebroussons chemin. Nous en sommes contrariées, mais la prudence est la sage décision. Notre pas est lent. Nous comblons notre regret en regardant les plantes, les arbres, en cherchant le nom de ce qui nous est inconnu. Il y a des chardons aux fleurs jaunes, de jolies fleurs rosées de plantes sèches. Nous sentons le parfum de la sauge, du thym en frottant délicatement leurs feuilles de nos doigts. Les odeurs sont puissantes. Nous observons les systèmes d'arrosage au goutte à goutte omniprésents.
Nous discutons sur ces premières heures crétoises. Je demande les impressions ressentis par ma fille. Je me réjouis d'apprendre que le début du séjour la charme par les paysages, l'accueil des gens. Elle est fort surprise par la propreté des lieux, pas un papier par terre, ni sac plastique, ni mégot, ni masque... Le séjour ne fait que commencer, nous verrons les jours prochains et à la fin des vacances.
Midi, nous déjeunons à la taverne Eleonas qui se situe au niveau du panneau indiquant les gorges Rouvas, c'est sur notre chemin. J'y avais très bien déjeuné l'an dernier.
Le restaurant est charmant. Nous nous attablons sur la terrasse fleurie. Un chat roux vient faire connaissance. Une serveuse nous apporte la carte. Nous commandons une bière crétoise bien fraîche. Services, nous l'apprécions par petites gorgées. Une corbeille de pain nous est apportée, plusieurs types de pains la composent, pain d'orge, pain "dur ou grillé" souvent mis dans les salades.
Nous passons commande de deux salades crétoises avec poivron, oignon rouge, tomates, concombre, olives noires, feta et une assiette de dolmos toujours servis avec de la sauce tzatziki.
Le repas est frais, délicieux. Nous ne prenons pas de dessert, une corbeille de fruits est offerte.
Après cet agréable pause déjeuner, il faut reprendre le chemin. Avec cette chaleur, il est hors de question de reprendre le sentier de l'aller, aussi nous décidons de suivre la route, elle nous mènera forcément au cœur de Zaros.
"Maman, tous les chemins mènent à Rome !"
Mais là, je ne ferai pas le trajet à la nage !
La route est bordée d'eucalyptus à notre gauche, d'oliviers à droite. Une grande usine ronronne fortement. Il s'agit de la société mettant en bouteille l'eau de source de Zaros. A partir de cet endroit, il n'y a plus u n brin d'ombre. Dès qu'une fontaine se présente à nous, nous nous mouillons la tête ! Nous accédons dans la ville de Zaros. Nous sommes ravies de voir de l'activité humaine. Contrairement à la veille où la ville était "fantôme", aujourd'hui, elle a de la vie.
Nous retrouvons sans encombre la rue principale. Un pope nous salue. Nous profitons pour rendre visite à la boutique de la tisserande Maria en mettant le masque et faire quelques achats souvenirs. Elle est ravie de constater mon retour. Au moment de partir, Maria nous offre un torchon crétois à chacune, comme l'an dernier ; geste commercial délicat et apprécié.
Sur la route menant à l'hôtel, nous retrouvons la brebis d'hier, mais aujourd'hui, elle n'est pas causante. Dans le champ opposé, chèvres, boucs nous observent. Des voitures, de vieilles motos montent et descendent. Dans l'avancée d'une demeure, un tracteur ne cache pas son âge !
Un grand potager dévoile choux, aubergines, poivrons, courges...
Ça y est, l'hôtel Idi est devant nous. Nous retrouvons sa fontaine pour nous rafraîchir et refaire le plein des bouteilles.
De retour dans la chambre, un jeune criquet, ou une sauterelle s'invite sur la fenêtre et refuse de sortir. Tant pis, nous cohabiterons !
La fatigue a le dernier mot après la douche.
En rouvrant les yeux, nous entendons des rires, des gens parler ; de nouveaux clients et la famille d'Evi.
Nous décidons d'aller à la piscine. Que de rigolades ! Soudain, qui vois-je ? Evi, avec sa fille Anastasia, en train de pousser une poussette. Je sors de l'eau pour aller la saluer et la féliciter pour la naissance de son fils. Je lui présente ma fille. Nous échangeons sur l'état sanitaire et surtout économique, de la situation. Je tente de la consoler ; bientôt nous reviendrons à la normale, si, il faut y croire.
20h, nous sortons de l'eau, profitons des transats en admirant les derniers rayons de soleil entre les branches.
Le temps de se changer, et ma fille m'offre un cocktail délicieux. Nous allons dîner.
Il est agréable de constater l'arrivée de touriste, Français, Anglais,... et le docteur est encore là ! Nous le saluons de la main en espérant que l'épisode d'hier ne se reproduise pas ! Le raki d'accord mais à petites doses ! Il nous demande si nous avons fait la randonnée à Rouvas comme prévue. Il n'est pas étonné de notre abandon en cours de route : "Il fait trop chaud!". Il a entièrement raison. Je retenterai l'aventure un printemps prochain.
Le vivier a la vedette. Un employé de la taverne s'y trouve et avec dextérité attrape un gros brochet par les ouïes, traverse rapidement la salle pour entrer dans la cuisine. Nul ne peut déclarer que le poisson n'est pas frais !
Ce soir, c'est vin rouge crétois, mon préféré, proposé au verre.
Au menu :
Beignets de fleurs de courgettes farcies à la feta. Tzatziki, truite du vivier, salade verte et en dessert corbeille de fruits avec l'assiette d'une boule de glace à la vanille et biscuits comme hier soir.
Ce n'est pas tout, mais au lit ! Demain de nouvelles aventures nous attendent et rendez-vous avec notre chauffeur de taxi à 08h30.
Sylvie Barbaroux • Romancière
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