Mariage Nubien

L'après-midi du samedi 04 octobre, tandis que je papotais avec mes amis nubiens autour d'une chicha et d'un thé à la menthe, je fus conviée à participer le soir-même à un mariage nubien.


Grande fut ma joie face à cette invitation hors du commun.
L'ami, vendeur dans un bazar de souvenirs à Assouan, n'est autre que le propriétaire d'un îlot derrière l'île éléphantine, où trône une maison typique nubienne creusée dans le granit.

A 20h30, nous quittions la corniche pour nous rendre sur l'île en bateau. Sur ce dernier fut chargé du matériel sono pour la soirée.
Mon ami m'expliqua qu'il avait loué son île pour la soirée et qu'il était chargé de l'organisation de la fête.
Je lui posai alors les questions d'usage sur le mariage nubien.
"Ce soir, seront réunis la famille et les amis de la mariée. Le couple festoie chacun de son côté et se retrouvera le lendemain. Une façon d'interrer leur vie de célibataires pour ensuite passer leur vie ensemble! La signature du pacte de mariage a déjà été faite devant l'imam. Les jeunes mariés ont tous deux 19 ans. La mariée et sa famille sont d'Abou Simbel."
Alors que j'admirais dans la pénombre la superbe maison et le jardin garni de citronniers et de manguiers, les bateaux se succèdaient remplis d'invités.
Je les saluai et fus présentée par mon ami. Tout le monde semblait ravi et honoré de ma présence ; quant à moi, j'étais touchée par leur accueil! Me voici intégrée parmi ces Nubiens extraordinaires, d'une gentillesse et d'une hospitalité sans égales, peuple des portes de l'Afrique Noire, ancêtres du fameux Pharaon Noir, Piankhy. Je ne peux exprimer par de simples mots ce que mon coeur ressent encore aujourd'hui, mais ma reconnaissance et mon respect sont aussi grands que les leurs.
La mariée arriva, vêtue d'une robe moulante à paillettes, rien à voir avec la robe traditionnelle de la mariée en blanc utilisée dans tous les mariages européens et orientaux. Dans une main, un joli éventail de plumes pour se "rafraîchir". Son visage était très, trop maquillé, mais elle ressemblait à une poupée.


La mariée est au centre de la photo à droite du monsieur en chemise blanche.La musique et le chanteur invitèrent les convives à venir danser sur une piste improvisée sur le sable fin.
Je me mêlai aux invités accompagnée par la présence enthousiaste de Bibi Bana, faisant la ronde avec eux sur les airs nubiens endiablés, et laissant mon corps se mouvoir sur les rythmes orientaux.

Tous et toutes agréablement surpris par ma connaissance de la danse orientale, je passai de la mariée à sa grand-mère, de ses neveux à ses nièces, avec la grâce et la fierté d'une française amoureuse de leur culture.

Soudain, des femmes distribuèrent des petits paniers cartonnés. A l'intérieur se trouvaient des sandwiches salés, sucrés, un fruit et une boisson. Voici une idée peu coûteuse et originale en guise de repas! Puis, elles se mirent à jeter en l'air des bonbons! Chaque convive, du plus jeune au plus âgé, tel un gamin, se précipita vers le sol pour ramasser les sucreries!
Les hommes fumaient la chicha, les femmes discutaient entre elles en s'occupant des enfants. La joie et la gaité étaient omniprésentes, et dans la plus grande simplicité.



Et la danse se poursuivit jusqu'à 3h30 du matin.
Avant de quitter l'île et tous les invités, nous nous mettions tous à l'oeuvre pour laisser le lieu aussi propre qu'à notre arrivée. Le matériel sono fut démonté, et nous voici de nouveau sur le bateau, afin de rejoindre la corniche de la ville d'Assouan.
Nous nous disions au revoir, et chacun rentra au bercail pour dormir, la tête pleine de musique et de souvenirs d'une expérience à laquelle jamais je n'aurais imaginé participer un jour.
Je souhaite à ce jeune couple le bonheur et la sérénité que j'aurais aimé dans ma vie...
Mektoub, mabrouk et baraka à eux deux!
Bossa bossa!


Sylvie Barbaroux • Romancière
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