Depuis décembre 2019, une nouvelle semaine d'évasion en Crète était prévue pour août 2020. Je n'avais pas envie d'y retourner seule, aussi j'offris l'occasion à ma fille de m'accompagner. Nous nous en réjouissions. L'année 2020 entamée, grandit notre impatience. Mais rapidement, le monde entier ferma ses portes et plongea dans la peur engendré par un virus inconnu - nul besoin de le citer, vous l'endurez aussi, encore. Tout se mit à l'arrêt.
Le voyage à Marrakech prévu avec ma mère en avril 2020 fut...reporté... à une date ultérieure indéterminée.
Pour la Crète, je ne voulus rien annuler ; d'ici l'été, peut-être que tout se sera estompé comme un mauvais cauchemar pourtant bien réel. Et je fis bien, même si le virus coure toujours.
Le 23 juillet, nous allâmes chez le médecin pour une ordonnance afin de passer le test PCR.
Le 30 juillet à 6h30, le test fut passé au laboratoire. Deux jours plus tard, nos résultats négatifs nous soulagèrent ; nous pouvions partir.
ce même soir, nous remplîmes un formulaire sur le site de l'ambassade de France en Grèce détaillé sur notre numéro de vol, nos coordonnées, le détail de notre séjour avec le nom des hôtels, date de retour, personne à contacter si besoin. Le 03 août à 23h30, nous reçûmes notre QR code.
Tout en main pour passer un agréable séjour, nous savions qu'à notre arrivée à l'aéroport d'Héraklion, un test aléatoire pourrait nous être imposé.
Autour de moi, des personnes tentaient de me faire renoncer à ces vacances, prônant les risques de la Covid-19, le fait de ne pas être "au pays". Rien ne me découragea. Je me tenais informée sur les mesures sanitaires en Grèce, et la France n'avait aucune leçons à donner, oh non...
Nous portions - et portons toujours - le masque depuis le confinement, le gel hydro alcoolique était toujours avec moi dans tous mes voyages depuis vingt ans, la distanciation même en famille était respectée - et l'est toujours. Responsables des règles, nous ne craignions pas davantage là-bas qu'ici.
Après deux mois de confinement, enfermées en appartement, conscientes que le déconfinement ne rimait pas avec la disparition de ce satané virus, nous étions déterminées à prendre le large dès la reprise des vols aériens.
Rester vigilantes, respectueuses, disciplinées, mais ne pas tomber dans la psychose, telle était - est - notre devise.
Retrouver et faire découvrir mon petit paradis fut le meilleur remède contre la déprime.
Depuis 2017, le village de Zaros, au pied du mont Ida, est mon havre de paix. J'ai pris l'habitude de séjourner dans l'hôtel Idi avec son jardin fleuri, verdoyant, son orangeraie, sa nature chantante, son air pur, la piscine, le silence... Et la courtoisie, la générosité, la gentillesse des Crétois n'ont pas leurs pareilles. Et les dîners au restaurant Votomos sont gargantuesques, avec le raki en fin de repas où l'on vient trinquer amicalement : "Yamas!".
Le centre du village n'a rien d'attrayant, mais depuis l'hôtel, nous pourrons nous promener, faire une randonnée, ne rien faire au bord de la piscine, remplir la bouteille d'eau à la source. Que demander de plus ?
J'avertis l'hôtel Idi de notre arrivée confirmée.
Le départ - 04 août 2020
Masquées de masque lavable, à 15h45, avec notre valise et notre sac à dos, nous quittons la maison pour rejoindre la gare routière. Quelques minutes d'attente et le bus arrive. Nos bagages sont mis dans le coffre, direction l'aéroport Marseille Provence.
16h25, nous voici arrivées à l'aéroport où très peu de personnes s'y trouvent.
Nous repérons notre comptoir d'enregistrement. 17h, il ouvre. En patientant, nous discutons avec une dame et son jeune fils ; nous nous retrouverons la semaine prochaine sur le même vol du retour. Nous présentons nos pièces d'identité, nos billets et le QR code. C'est bon, les bagages s'en vont.
Direction la Porte 1 pour la douane.
Bizarrement mon sac à dos est contrôlé, au cas où je transporterais de l'explosif... Bref. Je préfère en rire. Tout est OK, direction la Porte d'embarquement 3B.
L'attente n'est pas très longue. Je suis moyennement surprise du peu de passagers dans les halls d'embarquement.
19h10, l'avion de Volotea se pose. Le temps de le vider et le remplir des nouveaux bagages, de faire le plein, de désinfecter l'intérieur et nous embarquons sur présentation des billets, des pièces d'identité et du QR code, nous rejoignons l'avion et notre siège.
19h35, décollage !
Deux heures trente de vol.
Les collations que j'avais prises lors de l'achat des billets furent annulées pour cause Covid-19, pourtant de nombreux passagers enlèvent leur masque pour manger durant tout le vol... Ne réfléchissons pas, c'est préférable.
Durant tout le vol, une enfant ne cesse de bouger mon siège et d'y mettre des coups de pieds jusqu'au moment où je demande à la mère de gérer son enfant ; maman est sur sa tablette, elle ne peut pas tout faire...!
Héraklion dans la nuit se profile. Nous atterrissons à 23h10 (22h10 heure française).
Les vacances commencent !
Nous sortons de l'avion, un minibus nous conduit jusqu'à l'aéroport. La foule s'amasse et en oublie la distanciation. En avançant lentement, nous remarquons une dizaine d'hommes en tenue médicale bleue, certains sont assis derrière une longue table, d'autres sont debout. Nous avançons. Devant nous, une jeune femme éternue...! Nous avançons toujours à pas modérés. Deux hommes en civil font barrière et regardent les QR codes. La jeune femme qui vient d'éternuer est invitée à rejoindre la salle Covid-19. On nous fait signe de passer, nous ne nous le faisons pas dire deux fois, tandis que d'autres passagers partent se faire tester. Soulagées, nous récupérons nos bagages et sortons. Notre chauffeur de taxi nous attend, il se prénomme George.
En route pour Zaros !
00h15, nous arrivons à l'hôtel où un petit repas nous est préparé. Filets froids de truite (délicieux) et une salade nous sont servis et nous les apprécions.
Je suis ravie de revoir George, l'oncle d'Evi de l'hôtel. Il nous précise que le masque n'est pas utile à Zaros. Nous retrouvons le plaisir de respirer l'air libre.
Je remplis notre fiche client et récupère la clef de la chambre "bungalow". Je suis ravie de constater que ma demande a bien été prise en compte : la même chambre que l'an dernier, la 141 !
Depuis la petite terrasse de la chambre en rez-de-chaussée, malgré la fatigue, nous admirons le ciel et la pleine lune, et apprécions le silence absolu.
Nous prenons le temps de vider nos valises, et le sommeil ne se fait pas attendre. Nos masques sont déposés dans un sac plastique que nous fermons avec précaution, où ils attendront notre retour au bercail pour être lavés.
Dans quelques petites heures, Zaros sera au grand jour. Bonne nuit !
Sylvie Barbaroux • Romancière
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