Bonjour,
Je vous avais déjà avancé avoir vécu en Libye, en famille, d'octobre 1975 à décembre 1982.
Photographier en ville était strictement interdit, et à cette époque, nous ne photographions pas comme aujourd'hui.
Les années passent, et en vieillissant, une certaine nostalgie d'une vie loin de chez moi me berce. Certes, la vie n'y était pas toujours rose, j'y étais enfant puis adolescente, et cette période m'a permis de comprendre certaines choses, comme la patience, la discrimination, le fait d'être Européenne et ne pas toujours être respectée. Maman faisait parfois une trentaine de kilomètres pour trouver une plaquette d’œufs ou de la viande, congelée décongelée plusieurs fois et recongelée, aspergée de Baygon vert pour éloigner les mouches, et pourtant, jamais nous n'avons été malades.
Doux souvenirs de nos voisins libyens très gentils, conviviaux. Lors de fêtes musulmanes, les voisines montaient sur une échelle pour, du muret, appeler ma mère et lui donner des gâteaux coulants de miel.
Une fois, nous avions été conviés au mariage d'une de leurs filles. Avec Maman nous étions toutes deux des invitées privilégiées....
En 1981, Mitterrand passe au pouvoir. Nous ne savions ce qui en était en France, mais six mois après son investiture, les Libyens nous crachaient dessus, si nous voulions de l'essence, une bouteille de gaz... nous parlions en italien. "Inte francawi ?" (tu es français?). " Lè! Lè! Ena italiane!" (Non! Non! Je suis italien!), alors seulement nous étions servis... Puis tout se tassa progressivement. Il y eut un problème au Consulat, un incendie, des émeutes. L'ordre fut donné de réunir nos affaires au strict minimum en cas de rapatriement. Le bonheur, la douceur de vivre s'effondraient, sans en connaître les raisons. Malgré une malle prête, les menaces disparurent. Nous rentrâmes pour d'autres raisons, personnelles.
Sylvie Barbaroux • Romancière
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