En ce 8 Mai 2015, mon Hommage à mes Héros, mes Grands-Pères

En ce 8 mai 2015, mon demi-siècle fraîchement fêté me fait bien davantage honorer mes grands-pères.
Mort prématurément pour l'un, mutisme du silence par trop de souffrance pour l'autre, je regrette tant qu'ils ne se soient confiés à moi plus intensément pour conter aujourd'hui à mes petits-enfants cette partie de l'histoire contemporaine française et familiale.
Je n'en oublie pas mes grand-mères, leurs épouses respectives. Une qui a fui Mussolini à 6 ans avec ses jeunes sœurs et le père veuf en traversant courageusement les Alpes jusqu'au Var où tous mourront plus tard, subissant les propos racistes qui ont fait sa jeunesse (de ritale). Elle qui refusait de me parler en italien lorsque je lui demandais de m'apprendre la langue en me déclarant "Parler en italien ? Pourquoi ? Je suis Française!". Quel bel exemple d'intégration !
L'autre que j'ai découverte après ses obsèques sur une photographie, jeune rayonnante, brandissant le drapeau national lors de la libération de Paris. Je me devais de faire cette parenthèse sur mes grand-mères si regrettées à mon cœur.
Jean B., toi le résistant, toi le maquisard, en civil tu as bravé les collines du sud de la France avec tes frères du moment, moment de plusieurs années, pour défendre le pays face aux Allemands Nazis meurtriers, envahisseurs. Je te revois en 1977 dans le Mercantour entouré de tous ces personnages à mes yeux et à ceux de Mémé totalement inconnus, face à un mémorial, chantant le Chant du Partisan. Ce chant t'allait à ravir malgré tes yeux noyés dans les larmes de blessures indélébiles. Ta mémoire remettait devant toi ces images sanglantes de frères d'armes tués, abattus que tu as vu tomber, puis des hommes que tu as dû abattre pour te défendre. Toi qui avais de faux papiers d'identité durant cette difficile période pour déjouer le vice nazi. De retour de ce rassemblement, sur la route, tu as arrêté la 104 Peugeot, as pointé du doigt un arbre en haut d'une butte rocheuse et m'as déclaré pour la première fois : "Ma petite Sylvie, ici, à cet arbre, les Nazis ont pendu un de mes amis devant moi. Un SS s'est avancé vers moi et en me regardant droit dans les yeux, mes faux papiers en main me déclara : " Jean B., car je sais que c'est vous, un jour je vous aurai." Eh bien sache ma petite fille que je me suis pissé dessus une fois ces ordures parties."
Après cette déclaration qui m'avait été révélée alors que je n'avais que 12 ans, durant de longues années, j'en voulais à ces Allemands pour leur barbarie face aux miens et aux millions de personnes torturées, assassinées... Très vite j'admis qu'il ne fallait pas vivre avec l'aigreur du passé pour avancer, cependant aujourd'hui je trouve l'Allemagne actuelle un peu trop décisionnaire dans la CE.
Lorsque je lui posais des questions sur cette période, il me répondait toujours que c'était du passé et il espérait que jamais je ne vive cela. La paix n'était pas un art définitif.

Charles T., toi l'éternel silencieux, tu as joué ta vie professionnelle pour sauver des Juifs des chambres à gaz. Tu es mon Juste. Ton employeur, grand employeur dont je tais le nom par respect, a préféré te licencier et te faire fuir de ses registres pour sauver ta vie ; celles que tu as voulu secourir n'ont pas eu la même chance...

Aurais-je votre courage ? Non, je ne le pense pas. Pas très courageuse, ni nationaliste, n'est-ce pas ? La Vème République de 2015 est si décevante... Elle a perdu ses valeurs, tout part en vrille, elle n'a plus ma confiance ni mon amour. A elle de me regagner et non l'inverse.

Pépés, Mémés, dormez en paix. Vous avez contribué à la prospérité de la France qui n'aura duré que quelques années. Dormez en paix, vous n'avez plus à vous préoccuper de l'avenir du pays, votre paix est là, la nôtre est si vulnérable...

© Sylvie Barbaroux 08 mai 2015


Sylvie Barbaroux • Romancière
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